14 Septembre 2009
La banquise fond plus que le prévoyaient les experts les plus pessimistes.
Infoutus d’imaginer les mécanismes sociaux, professionnels, économiques, humanistes permettant d’enrayer les maux que personne ne conteste : réchauffement climatique, appauvrissement de la biodiversité, faim dans le monde, accès aux soins, à l’éducation ; les grands de ce monde en sont encore à caresser dans le sens du poil les responsables de ces dérèglements. Les écarts qu’il existe entre les beaux discours politiques sur la rupture, la réforme, la fiscalité sont tous entachés de prise d’intérêt et de copinage.
Réduisant à néant les qualités premières et nécessaires du politique : pour moi, l’altruisme et le don de soi. La politique, dénaturée par ses instincts primaires ne sert plus l’Homme que dans sa capacité à dominer, écraser, inculquer, formater… Triste imaginaire dont les pires scénarii de catastrophisme peuvent être la conséquence. De l’irresponsabilité des uns à l’avidité des autres, le conformisme et la ringardise sont les maîtres mots d’une organisation de décervelage à grande échelle. Nous sommes donc bien loin de la déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen.
Avant, quand nos économies ne débordaient pas des frontières, nous pouvions toujours imaginer des logiques cocardières. Dans une économie globalisée, nous devons avoir présent à l’esprit que notre action locale a une incidence ailleurs. Le confort des uns fait le désespoir des autres. Les grands qui se partagent le monde ne nous considèrent pas comme des « gens » mais seulement comme des clients potentiels où que nous soyons. Les politiques ne sont plus que des marionnettes gesticulantes pour des intérêts pécuniaires. À mon sens, il est navrant de constater que l’on ne légifère plus que par défaut. Les actions s’attachent plus à stigmatiser les alternatives humanistes pour maintenir des mainmises sur la vie des gens. L’Homme abandonne une partie de ses idéaux de paix, de liberté, d’équilibre en les morcelant en petits produits de consommation pour entretenir l’illusion.
Mon propos n’est pas une vérité, c’est un constat accablant, qu’il faut certainement nuancer. Pour cela, j’en reviens à mes premiers mots et tente de faire comprendre l’écart entre le discours et la réalité de terrain. Les utopies ne peuvent vivre que si elles sont expliquées, si une traduction accessible à tous peut servir de référence. Les grands textes communs qui régissent le monde sont sûrement bien loin des préoccupations des déracinés, des accidentés de la vie, des malmenés, des persécutés et ne sont pas un baume aux souffrances individuelles. Si l’utopie répond à un idéal, celui-ci doit être perceptible.
Quand le peuple ne s’imagine plus d’avenir, c’est une partie de l’État qui meurt. Organisant des réactions primaires déconnectées des véritables enjeux. Je vois parfois tant de misère dans ce qu’on nous donne à comprendre et ce qu’on voudrait nous faire admettre. La compétition, la performance comme des fabriques à perdants ne peuvent plus être les moteurs du monde. Parce que la vraie performance aujourd’hui se situe plus près de ceux qui vivent avec moins de deux euros par jour, que de ceux qui voudraient leur inculquer notre modèle consommant qui fait fondre la banquise plus vite.